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Martin Bouygues tire à boulets rouges sur l’Arcep

Interrogé mardi par la commission économique de l’Assemblée nationale, le pdg de Bouygues a a multiplié les griefs à l’encontre du gendarme des télécoms.

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Pour Martin Bouygues, le gendarme des télécoms a fait une erreur d’analyse lors de l’attribution de la licence mobile à Free

Par Romain Gueugneau

Publié le 1 juil. 2014 à 19:08

Martin Bouygues est remonté contre l’ARCEP, et il tient à le faire savoir. Interrogé mardi en fin d’après-midi par la Commission des affaires économiques de l’Assemblée Nationale, le PDG de Bouygues n’a pas mâché ses mots pour définir l’attitude du gendarme des télécoms, coupable selon lui des difficultés rencontrées dans le secteur deux ans et demi après l’arrivée de Free dans le mobile.

« L’Arcep a fait une erreur d’analyse lors de l’attribution de la quatrième licence, considère Martin Bouygues. Des avantages considérables ont été accordés au nouvel entrant, comme celui de l’itinérance 2G et 3G. Et les trois opérateurs historiques en payent le prix aujourd'hui ». Selon le patron du groupe de BTP, Orange, SFR et Bouygues Telecom auraient ainsi perdu « 3 milliards d’euros d’Ebitda (excédent brut d’exploitation) entre 2010 et 2013 », représentant pour l’Etat un manque à gagner de « 1 milliard d’euros d’impôts », et obérant par conséquent leurs capacités d’investissement dans les réseaux. « Y a-t-il eu une véritable étude d’impact de menée avant l’arrivée d’un nouvel opérateur mobile ? Je me le demande vu la situation [...]. Pourtant, j’ai eu l’occasion de fréquenter d’autres régulateurs dans d'autres secteurs d’activité. Eux conduisent de vraies études avant de prendre des décisions structurantes ».

Face à la situation du marché des télécoms, l’entrepreneur s’étonne de l’inactivité de l’Arcep, alors même que l’Autorité de la Concurrence avait recommandé l’an dernier de programmer une extinction par zones du contrat d’itinérance entre Free et Orange, au fur et à mesure du déploiement du réseau du premier. « L’Arcep dit qu’elle n’est pas compétente sur les questions d'itinérance. On se moque du monde ! ». Et le pdg de Bouygues de s’interroger : « Qui régule le régulateur aujourd’hui ? Il faut que l’Etat assument ses responsabilités ».

Rien de concret en terme de rapprochements

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Interrogé sur l’avenir de la filiale télécoms au sein du groupe, alors que Orange n’a pas complètement abandonné l’idée d’un rachat, Martin Bouygues a rappelé son souhait de poursuivre l’aventure Bouygues Telecom en solo, tout en dénonçant « le cynisme » de Jean-Ludovic Silicani, le président de l’Arcep, qui admet désormais l’éventualité d'un « retour à trois opérateurs ». « Concernant d’éventuels rapprochements avec d’autres acteurs, il n’y a pour l’instant rien de concret, a précisé le pdg face aux députés. L'avenir, c’est de préparer Bouygues Telecom à être compétitif sur un marché avec quatre opérateurs ».

C’est dans cette optique que la société a annoncé le mois dernier un plan de suppression de 1516 employés, soit 17 % des effectifs. C’est aussi pour survivre sur un marché à quatre que l’opérateur a décidé casser les prix dans le fixe : après avoir offert en février la box ADSL à 19,90 euros par mois, il a annoncé la semaine dernière qu’il allait proposer la fibre pour 25,99 euros par mois. « Il y a de la place sur ce marché, où nos concurrents pratiquent les marges de l’industrie du luxe, a rappelé Martin Bouygues. Nous, nous faisons des offres pour gagner des clients. Et ça fonctionne ».

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