Notre-Dame-des-Landes : Bruxelles attaque la France sur le terrain environnemental

 

Notre-Dame-des-Landes : Bruxelles attaque la France sur le terrain environnemental

    Nouvel épisode dans l'interminable feuilleton de l'«Ayraultport». Six mois après avoir approuvé l'aide octroyée par l'Etat français pour la construction de l'aéroport nantais de Notre-Dame-des-Landes, la Commission européenne a ouvert une procédure d'infraction contre la France. Elle lui reproche de n'avoir pas mené d'évaluation environnementale sur ce projet controversé. Ce nouveau front, qui réjouit les détracteurs du projet, ne semble pas inquiéter outre mesure ses promoteurs.

    La France aurait violé deux directives

    La Commission a envoyé mercredi une lettre de mise en demeure aux autorités françaises, première étape dans la procédure d'infraction pour non-respect de la réglementation européenne, a indiqué jeudi un responsable de la Commission. La France a maintenant deux mois pour répondre.

    La Commission reproche aux autorités françaises de n'avoir pas mené, lors de la procédure d'autorisation, «une évaluation des effets synergiques et des impacts cumulés de l'ensemble des infrastructures du projet d'aéroport Grand-Ouest». La France aurait ainsi violé la directive qui impose aux Etats membres de soumettre «à une évaluation stratégique environnementale les plans et programmes fixant le cadre pour la construction d'un aéroport», recensant notamment «les effets notables sur l'environnement, y compris les effets secondaires et cumulatifs». Une telle évaluation doit être effectuée avant l'adoption du projet.

    La Commission invoque également une autre directive qui impose une «évaluation environnementale» des projets d'infrastructures, obligeant le maître d'ouvrage à «fournir une description des effets importants que le projet proposé est susceptible d'avoir sur l'environnement».

    «Sur le fond du dossier, ça ne change rien»

    La préfecture de Loire-Atlantique a dit «prendre acte» de la décision de Bruxelles, y voyant «une petite formalisation des points qui restent à traiter» dans le cadre du «dialogue que nous entretenons avec la Commission européenne depuis plusieurs mois».«Sur le fond du dossier, ça ne change rien», a-t-on ajouté à la préfecture, en soulignant que la mise en demeure européenne n'annulait pas les arrêtés pris en fin d'année par le préfet en vue d'autoriser le début des travaux.

    L'ouverture de la procédure européenne constitue «une première victoire grâce à l'Europe du droit sur la mégalomanie», s'est félicité le député européen Vert, Yannick Jadot, sur son compte Twitter.

    Confié en 2010 au groupe Vinci pour remplacer l'actuel aéroport de Nantes-Atlantique, le projet de Notre-Dame des-Landes, cher à l'ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault, est de facto gelé en raison de procédures engagées par des opposants. La Commission européenne leur avait porté un coup dur en novembre en donnant son feu vert à l'aide octroyée par l'Etat français pour la construction de l'aéroport, jugée, selon elle, «compatible avec les règles de l'UE relatives aux aides d'Ã?tat».

    A la suite d'une manifestation fin février dans les rues de Nantes qui avait donné lieu à des violences, Jean-Marc Ayrault avait soumis le lancement des travaux à la fin des recours juridiques lancés par les opposants contre le projet. Cette prise de position a été réaffirmée par la nouvelle ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, dès sa prise de fonctions au début du mois.