Votre jardin vous fatigue ? Buttez-le !

A en croire certains jardiniers, leur activité est une longue et épuisante lutte contre la nature : arracher sans trêve des mauvaises herbes qui repoussent toujours plus fortes. Retourner tous les ans un sol dont la seule préoccupation semble être de se tasser encore et toujours. Arroser encore et encore, ou, au choix, s’ingénier à drainer des sols gorgés d’eau. Et souvent au même endroit à quelques semaines d’intervalle. Et parfois pour des résultats désespérants. La lutte est permanente et inégale.

S’occuper d’un jardin est une tâche épuisante.

Seuls les désherbants chimiques, les motoculteurs ou l’arrosage automatique sont capables d’apporter un peu de réconfort au pauvre jardinier. Seul l’apport d’engrais peut apporter le rendement qui le récompensera de ses efforts. De rares privilégiés, sans doute bénis des dieux, ou dépositaires d’un savoir occulte, parviennent à des résultats de manière totalement biologique. Mais toujours au prix d’éprouvantes heures de désherbage.

Il faudrait inventer une méthode épargnant au jardinier toutes ces souffrances. Une méthode qui permette à la terre de ne pas se tasser, de se labourer elle-même, sans l’aide du jardinier. Une méthode qui laisserait le sol humide quand il fait sec et bien drainé quand la pluie n’en finit pas de tomber. Une méthode qui confierait au sol le soin de se fertiliser lui-même, de s’équilibrer, d’année en année. Une méthode qui résoudrait, une fois pour toutes, le problème éternel de la guerre entre le jardinier et la mauvaise herbe. Voire qui ferait de ces mauvaises herbes des alliés pour le jardinier.

Une méthode comme ça, bien sûr, c’est comme une fourmi de dix-huit mètres : ça n’existe que chez les poètes.

Et pourtant, il y a un siècle, en région parisienne, les maraîchers pratiquaient déjà une méthode intensive de culture biologique. Cette méthode, reprise en Californie par Chadwick, Jeavons, puis expérimentée dans des pays pauvres, additionnée d’éléments de biodynamie, permet de produire plus de légumes qu’aucun jardinier ne l’aurait imaginé, sur moins de surface qu’il n’aurait osé l’espérer. Et en réduisant considérablement la quantité de travail à fournir, et la pénibilité de ce travail.

Dans une autre optique, des permaculteurs ont expérimenté des méthodes de maraîchage presque aussi productives, avec un travail encore plus réduit. C’est le cas d’Emilia Hazelip, dans le sud de la France, ou de Jean-Marie Lespinasse.

Si les méthodes des Californiens et celles des Européens s’opposent sur certains points, elles se retrouvent sur l’essentiel :

Notamment, concevoir un jardin comme un écosystème complet et dont il convient de préserver l’équilibre. Mais aussi, de manière plus pratique, par des méthodes de jardinage sur buttes ou planches de culture.

Au lieu de planter ses haricots en lignes et de marcher entre elles, le jardinier butteur organise des planches de culture surélevées, d’1m20 de large environ, sur lesquelles il ne marchera jamais, séparées par des allées sur lesquelles il ne cultivera pas. Cela lui permet de diminuer considérablement les besoins de travailler le sol, voire de réduire ce travail à zéro. En revanche, il laisse travailler les êtres vivants du sol et favorise leur multiplication. C’est eux qui feront le travail à sa place.

Il prend soin de toujours laisser sur le sol une couverture, de paille, de compost ou de plantes bien vivantes. Ainsi le sol retient bien l’eau, tout en étant drainé par les galeries de ses habitants. Cette couverture, en se décomposant, enrichit perpétuellement le sol.

Il associe les espèces de plantes et d’animaux, sauvages ou domestiques. Il favorise les bonnes « mauvaises » herbes, et leur laisse une place.

Dès les premiers mois, le travail est réduit, l’arrosage allégé, la productivité accrue. Après quelques années, le sol des buttes est considérablement enrichi en humus, la terre absorbe et retient mieux l’eau, tout en restant bien drainée.

Votre jardin vous fatigue ? Vous savez ce qu’il vous reste à faire.

18 commentaires sur « Votre jardin vous fatigue ? Buttez-le ! »

  1. Bonjour ‘je me suis intéresse à cette technique tout comme pour le sol vivant , si j’ai bien compris les explications pour la réalisation de la butte et les plantations une question me vient à l’esprit ….et pour les semis est ce possible de le faire sur une butte de culture végétale Merci Paul

  2. Jean Marie Lespinasse, justement, a travaillé pendant trente ans à l’INRA pour la sélection des variétés de pommiers
    avec protection du droit d’obtention, puis a créé un jardin en important la terre d’un autre endroit à 25 kilomètres
    ( parce que chez lui c ‘était ceci cela ! ) : bel exemple d’écologie et de régénération des sols, prôner la permaculture ici
    en faisant venir la terre de l autre bout du département, voilà une idée simple qu ‘elle est bonne …….

  3. Bonjour les « permaculteurs »,
    Je suis maraîcher bio « classique » en arrêt dans le but de reprendre une friche de 25ans que je souhaite en permaculture. Je suis heureux de trouver des professionnels pratiquant la méthode, je suis preneur de conseils:
    La parcelle 3ha se situe sur la valée de la Têt vers Perpignan donc sol sablo-limoneux et plat au sous-sol de cailloux et galets. Qu’est-il préférable, broyer les ronces et les arbutes en bandes et planter là-dedans, faire de buttes et donc des creux en mélangeant le broyat?
    Merci, à bientôt

  4. bonjour à tous je pratique la « perm-arboriculture » depuis cinq ans sur un hectare. Les deux cents pommiers sont sur butte plantée de trèfle, radis, fèves et de diverses adventices. L’entre-rang n’est pas labouré et enherbé. J’ai fait au début des ajouts de tourteaux de ricin et de Vegehumus pour remonter la quantité de Matière Organique, humus.Les branches taillées sont laissées au pied de l’arbre et se décompose dans l’année.
    Vous pouvez visiter le blog :http://vergerdelagaronelle.wordpress.com/

  5. bonjour à tous je suis maraicher également et je vient de passer ma journer à préparer des buttes
    sur un terrain qui à eu deux années de tréfle
    en effet la machine m’a permis de faire vite entre deux periode humide et de faire sufisament de butte pour produire
    je suis daccord pour l’idée que le fait de vivre de son travail doit etre l’objectif
    le fait d’etre dans une nouvelles (et trés ancienne) technique ne doit pas faire oublier le fait que ce monde à besoin de gens autonome et non pas dépendant de sa perfusion habituelle
    noublions pas que l’agriculture ne vie plus que trés rarement du résultat de sa production
    alors lançons des jardin qui s’autofertilise
    et nous aurons un recour merveilleux quand les puissants ce mordrons la queue

  6. Bonjour,

    La culture sur butte est très pratique surtout sur les sols peu profonds, elle permet de de ne pas fourcher les racines même quand on a seulement 20 à 25 cm de terre avant la roche.

    Pour les plus grandes surfaces, on peut utiliser la tracton animale avec une kassine ( http://www.prommata.org/portfiche.php?p=1 ) et faire des buttes écartées selon le pas de l’animal. Les buttes et les creux sont inversés d’année en année. Voici Marino (le travailleur) avec son humain apprivoisé (Bernhard) au site des Tawes (Liège): http://www.cijoint.fr/cjlink.php?file=cj200904/cijE3wXYi8.jpg

  7. Bonsoir, Maraîcher bio depuis dix ans, j’ai longtemps cherché les outils animés convenant pour les planches. Il en existe différents, tous basés sur le même principe : deux disques latéraux centrent la terre et la remonte en planche jusqu’à 40 cm et le travail est fait par une fraise horizontale tournant à vitesses assez basses ( 750 tr/mn à 3 Km/h ) et balançant le broyat sur un rouleau démotteur et tasseur. Le tout sur prise de force, pour un travail de 120 cm au minimum ( idéal ), tractable à partir de 40 CV selon les modèles.
    – Rotobutteuse ( vue dans un doc sur la culture sur planche en Nouvelle Calédonie, mais constructeur inconnu )
    – Cultirateau Simon ( 44 ), hauteur maxi 35 cm, cher !
    – Cultibutte ( à découvrir )
    – Vibroplanche pour l’entretien
    Les deux derniers sont cités dans un doc sur des essais plein champ en buttes permanentes du GRAB ( dispo en pdf )
    L’idée est de faire des apports en MO suffisants en surface pour qu’il devienne inutile de l’inclure au sol, et d’après les résultats en BRF, il semble que l’on y parvient en bien moins de temps que le dit Fabien, c’est de l’ordre de un à deux ans pour obtenir un sol meuble de 30 cm, très riche en faune et flore microbienne et fort actif pour la minéralisation de l’azote. La suggestion d’incurver les buttes ne me semble pas une très bonne idée, n’oublions pas qu’un sol très humique, de type forestier, sature à 140mm de précipitations en 24 h, et ça arrive et pas qu’aux autres, et ce jour là, vous pleurez sur votre bêtise d’avoir fait ces cuvettes qui s’asphyxient. Couvrez, mülchez, paillez et pensez que les apports doivent aboutir à un équilibre du rapport C/N ( carbone/azote )la cléf du bon fonctionnement d’un sol. Ce qui veut dire en gros que plus votre apport végétal est riche en fibres ( cellulose-carbone ) et plus le besoin d’apport en azote sera élevé pour que les champignons se développent qui dégraderont la lignine.
    Si vous apportez au contraire du gazon, il ne fera pas d’apport mobilisable pour les plantes, au mieux un peu d’azote, la plus grande partie étant asphyxiée, donc en méthanisation et pourriture. Il lui faut du carbone, donc des branches, des feuilles mortes sèches, de la paille.
    La paille seule va poser rapidement des problèmes de disponibilité d’azote, une grande part étant prélevée dans le sol pour sa dégradation ( les champignons sont grands consommateurs de nitrates ) et venant donc à manquer pour la croissance des plantes !
    Le secret est de ne pas laisser les planches se tasser, c’est le problème que rencontrent les pratiquants des techniques culturales simplifiées, qui voient leur sol perdre du rendement par manque d’oxygénation et de place en profondeur pour un bon enracinement. Je pense pour ma part qu’il est nécéssaire de faire sur chaque planche et chaque année des cultures d’une légumineuse de chaque côté et des cultures au moins un cycle par an, de racines profondes en alternance avec d’autres variétés. Le panais est un champion, il descend son pivot volontiers à 1 m, ainsi que le salsifi. Pour défoncer les fonds de buttes ( mais avec les machines citées, il n’y a pas de fabrication de talon, les lames ont très peu d’angle ), dans les zones un peu tassées ou humides, ça vous descend l’eau immédiatement.
    L’apparition d’humus stable va prendre un peu plus de temps, et l’équilibre se fera peu à peu où les plantes n’auront plus besoin d’aucun apport azoté externe, le carbone disponible sous forme d’humus est là en quantité bien au delà des besoins des plantes. Mais attention, les apports en MO sont d’un volume impressionnant à l’étalement, et d’une ridicule inexistance au bout d’un an ! Tout juste une teinte sombre sur la terre. Ce qui veut dire que les apports doivent être constants et que jamais le bon jardinier ne laissera son sol voir le jour ! Une épaisseur inférieure à 5 à 7 cm n’est, en période chaude, d’aucune efficacité, il est donc fondamental de penser à une source fiable et à long terme pour mener à bien une telle installation. Les besoins sont plus faibles, d’année en année, dès que l’humus se stabilise et devient non lessivable, mais les volumes sont énormes !!!
    Pensez-y : 10 cm de déchet vert sur 5000 m2 deux fois par an, donnent un volume de 1000 ( mille ) m3, soit un poids de 500 à 700 tonnes. Va falloir les trouver, les arbres à tailler ! Et va falloir en planter des arbres pour pratiquer une vraie permaculture…
    Bon, moi je me suis arrangé avec l’ONF, les sous traitants aiment les billets dans la main, bonne chance pour les autres, le déchet vert est devenu un enjeu !
    Et bonjour la permaculture qui se contente d’attendre que les choses se fassent seules… En dehors de petites familles, ce n’est pas praticable pour nourrir nos semblables, ne serait-ce que par impossibilité de régulation d’une production.
    Je crois que le débat se situe à un niveau d’urgence élevé où la priorité doit être donnée à ceux qui veulent en faire leur sacerdoce pour qu’ils puissent en vivre vite parce que plein de gens veulent se nourrir sainement.
    Donc, mécanisation ? Pourquoi pas si celle ci n’est pas la raison d’être, si elle permet de vivre assez vite, donc d’édifier un jardin déjà très avancé d’un point de vue pédagogique et écologique et dont l’objectif est rempli : fabriquer du sol !!!
    Donc attention au tassement des premières années, ils peuvent être le signe du retour de votre sol à son état précédent

  8. Je pratiques la culture sur buttes a l’echelle potager mais je suis en projet de maraichage bio or j’aimerais vraiment pratiquer cette methode a plus grande echelle mais pour 6000 m2 je ne me vois pas tout me taper a la bêche.

    je me demande quand même s’il il n’y a pas moyen de mettre en place un buttage en partie mecanisée…

    si vous avez des pistes.

  9. Je jardine en buttes et en planches depuis environ 15 ans et je peux témoigner que j’ai amélioré mon sens de l’humus étant donné que j’ai arrêté de me battre avec mes jardins. Les jardins peuvent travailler pour nous si on leur en laisse l’opportunité. À l’ère de l’aseptisation, beaucoup de jardiniers ne veulent pas voir une seule « mauvaise herbe » s’introduire dans le jardin et passent la majorité de leur temps à s’en occuper. Quel temps perdu! Prenons plutôt ce temps pour admirer nos jardins; et pour cela, jardinons en planches.

  10. il me semble que ceci ressemble à la culture en plessis hérité du moyen age
    on délimite la surface à cultiver par des murets tréssés en osier ou bois de chataigner travail moins fatigant puisque surélevés par rapport au sol meilleur drainage…

  11. C’est ce que fait le jardin à côté du nôtre, Le Jardin de la lune.
    C’est un peu dans la même veine, et ça a ses racines dans les jardins de curés au moyen-âge.

  12. Pour commencer en douceur le jardinage sur buttes, vous pouvez vous inspirer du livre de Jean-Marie Lespinasse, « Le jardin naturel ».
    Ce texte sera suivi d’une série d’autres plus pratiques sur la méthode bio-intensive, Hazelip. Et puis on mettra des photos, pour illustrer.

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