Ces études à moitié bidons dont nous raffolons

Tous les jours, une étude (dite scientifique) assène une vérité incroyable. Les médias relaient. Les lecteurs raffolent. C’est devenu un phénomène de société.

Catherine ernens
Ces études à moitié bidons dont nous raffolons
©WavebreakmediaMicro – Fotolia

Le chocolat rend intelligent. Tous les médias vous l’ont servi, il y a quelque temps. Le plus sérieusement du monde. Des chercheurs de l’UCL viennent de démonter complètement cette «information». Leur objectif? Illustrer le danger lié à la simplification des résultats scientifiques.

Car des informations comme celles-là, tirées d’études résumées en deux coups de cuillère à pot, on nous en sert à longueur de temps. Et de plus en plus. «Dormir rend beau». «Un homme qui fait le ménage est moins stressé». Ces infos anecdotiques, croustillantes, parfois improbables sont issues d’études dont les médias et leurs lecteurs raffolent.

Pourquoi? Tout d’abord, parce qu’il s’agit de «contenus prétextes». L’étude sert de support pour parler de choses grivoises, cocasses ou légères. Ces sujets qui font causer et qui parlent de «nos vraies préoccupations». Nombre d’études semblent réalisées uniquement pour fournir une sorte de divertissement habillé dans une information.

Ensuite, parce que ces études sont présentées «toutes faites» aux médias qui n’ont plus qu’à les relayer. Il est souvent difficile pour les médias de vérifier le bien-fondé d’une étude. Et des enquêtes complètement bidonnées sont ainsi passées telles quelles dans la presse.

Woestijnvis, célèbre maison de production flamande, avait créé un bureau d’études fictif, qui diffusait de temps à autre les résultats d’enquêtes sociologiques qui, en réalité, n’avaient pas été effectuées. La fausse info la plus remarquée a été celle selon laquelle les électeurs de l’Open VLD ont une vie sexuelle plus active que les autres électeurs flamands. Cette info fantaisiste a été reprise très sérieusement par la VRT et par d’autres médias. Même Alexander De Croo l’a citée lors d’un meeting.

Face à ce «scandale» l’Association flamande des journalistes avait fait remarquer qu’il est devenu impossible pour les rédactions – toujours plus restreintes et sous pression – de contrôler la multitude de communiqués de presse qui leur arrive. La vitesse de l’information a augmenté de façon exponentielle avec l’introduction des sites d’information sur Internet.

Derrière une étude se cache aussi assez souvent une société qui a simplement réalisé un sondage pour faire parler d'elle. Gleeden, site de rencontres «extraconjugales», est champion en la matière. Le site soumet régulièrement des questionnaires à ses affiliés. La dernière info du genre provient d'une « enquête menée par Victoria Milan (site de rencontres extraconjugales, donc) auprès de 2723 membres en Belgique». Et nous apprenons que «38% des femmes infidèles ont eu une aventure avec une autre femme».

À qui se fier? Parfois, le contenu de l'étude est parfaitement scientifique. La méthodologie est fiable. On peut donc en relayer les conclusions sans crainte. Mais, comme le démontrent les chercheurs de l'UCL (voir ci contre) une publication scientifique n'est pas grand public. Les journalistes doivent clarifier et vulgariser les résultats de la recherche. Et l'hypothèse médicale d'un chercheur devient une information. Et on arrive à un raccourci du genre : «le chocolat rend intelligent».

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