Le fils de Patrick Buisson «ne supporte pas» les déclarations de son père

Le fils de Patrick Buisson «ne supporte pas» les déclarations de son père

    «Tu quoque mi fili». Critiqué - bien qu'également courtisé- à l'UMP, le «mauvais génie», le «gourou» Patrick Buisson est, cette fois, mis en cause par son propre fils. Ce dernier, Georges, prend la plume dans «Le Point» pour mieux prendre ses distances avec ce père dont il «ne supporte pas qu'il fasse ses déclarations sur la voie publique, en multipliant les interviews dans la presse».

    Le titre de sa tribune - «La religion du père, une histoire de paille et de poutre» - est sans équivoque. Tout comme le sont ses confidences. Ainsi a-t-il précisé à  l'hebdomadaire que ce texte «n'est pas une lettre à mon père, mais un haut-le-coeur». C'est à ses propos contre l'ouverture du mariage aux couples homosexuels qu'il dit réagir.

    «Croisade politique à coups de références bibliques»

    «Des années durant, j'ai subi à la maison le discours de mon père, qui embarquait la religion dans une croisade politique à coups de références bibliques, parfois erronées», fait savoir le fils de l'influent et droitier conseiller de Nicolas Sarkozy qui dit ne plus «supporter» ses prises de paroles publiques.

    Dans sa tribune, Georges Buisson évoque le rôle joué par son père contre le mariage pour tous - «lui n'avait rien manqué de ce combat à front renversé» - mais aussi son statut de spécialiste de l'opinion dans l'affaire des sondages de l'Elysée - «l'homme était passé maître dans l'art de déceler les ressorts cachés de l'opinion et de déterrer les motivations enfouies de l'électeur. Cette compétence n'avait pas de prix. Ceux qui y ont fait appel pouvaient le confirmer».

    «Tracer des frontières partout»

    Il est surtout question de politique : «Il en avait conclu qu'il était urgent, dans un univers mondialisé, de tracer des frontières partout : spatiales, sécuritaires, scolaires, sociales.» «L'hospitalité était réservée aux invités ; l'immigration, choisie. Chez les autres, on ne prenait que le meilleur. C'était un réflexe conditionné et une tradition à respecter», peut-on encore lire.

    Patrick Buisson, ancien de l'hebdomadaire d'extrême droite «Minute», admirateur de Maurras, surgit régulièrement dans le débat politique. La candidate de l'UMP à la mairie de Paris Nathalie Kosciusko-Morizet l'a récemment accusé de manoeuvrer pour la faire battre lors de la primaire. Tous deux avaient déjà eu maille à partir, lorsque NKM était la porte-parole du candidat et que Buisson jouait les stratèges.

    Son influence au sein de l'UMP dénoncée

    Des voix se sont également élevées au sein de l'UMP pour dénoncer son influence sur la ligne du parti. «On assure une promotion à quelqu'un qui n'a aucune légitimité pour parler au nom d'un peuple qu'il n'a jamais rencontré. Il vient de l'extrême droite, il a un projet politique, son influence est nocive, nous devons le combattre», a pour sa part fustigé le député-maire de Troyes (Aube) François Baroin.

    Patrick Buisson, lui, tient sa ligne. «Il y a un continuum parfait entre la campagne de Nicolas Sarkozy engagée en février 2012 sous la bannière des valeurs et la mobilisation, un an plus tard, de centaines de milliers de Français sur des questions sociétales dont on disait qu'elles ne passionnaient personne», déclarait-il encore samedi dans «Le Monde», martelant : «Aujourd'hui, il n'y a en France qu'un homme d'Etat, c'est Nicolas Sarkozy. Face à la dynamique du FN, toute autre candidature que la sienne exposerait la droite au risque d'une élimination au premier tour.»